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« Couleurs, Musique et Liberté : Célébration de l'Europe »

Concert en l’Église Saint-Jean-de-Malte, le 17 octobre 2014 pour le 25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin par Thierry Escaich

Heureusement, il y a encore des événements politiques qui changent l’histoire et qui méritent d’être célébrés avec la ferveur et l’admiration qu’ils suscitent, même si ces événements n’intéressent pas vraiment la classe politique française...

Le 17 octobre dernier, dans l’église de Saint-­JeandeMalte a eu lieu un acte de mémoire d’une extraordinaire beauté : un récital d’orgue de M. Thierry Escaich devant des œuvres picturales du peintre aixois Vincent Roux. Les lecteurs du Courrier d’Aix ont lu l’annonce de ce concert et connaissent les circonstances : lors de la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 (il y a donc 25 ans), Vincent Roux, se sachant déjà proche de la fin, fut tellement inspiré par les images télévisuelles de ce bouleversement (rappelons que c’est la seule révolution contemporaine qui ne provoqua aucune effusion de sang...) qu’il en fit un tableau, La porte de Brandebourg. Œuvre étonnante, originale et vraiment évocatrice de ce mouvement citoyen calme et pacifique dans sa dignité, et emporté par le seul goût de la liberté.

Continuant sur cette intuition, Vincent imagina de faire une série de tableaux intitulée Les Treize Europe qui devait évoquer de façon chaque fois singulière et poétique l’esprit de l’Europe qui était en train de se construire : de NotreDame de Paris à la Sagrada Familia de Barcelone, de Tolède au château d’Elseneur (Kronberg), sans oublier évidemment les grands sites comme la SainteVictoire et SaintTropez qui étaient si chers au cœur du peintre : Vincent a dit par les couleurs et une dynamique des formes vraiment personnelles les racines de l’Europe, non seulement les monuments, les villes et les paysages, mais le regard que l’on porte sur eux.

C’est pourquoi le récital de Thierry Escaich était si beau; tout le monde connaît le génie musical de cet organistecompositeur de réputation internationale. Mais c’était la première fois qu’il improvisait non pas à partir de thèmes musicaux, mais à partir de tableaux, en l’occurrence ceux de Vincent. Ce fut plusqu’une réussite, plus qu’une prouesse technique : la nombreuse assembléeamis fidèles de Vincent Roux, amis de SaintJeandeMalte et de ses programmes musicaux, amateurs et mélomanes éclairés, amis allemands résidant en Provence tout le monde a été « scotché » par ce que nous voyions et entendions : nous avons « entendu » le mur de Berlin s’écrouler comme les murs de Jéricho sous le fracas des jeux de trompette ; nous avons entendu les stridulences des cigales (eh, oui ! il sait le faire ... à  l’orgue !) au pied de la SainteVictoire ; nous avons entendu les crissements des pas des promeneurs sur la neige dans Venise en plein hiver ; nous avons entendu les rythmes des danses espagnoles sur les places de Tolède et le souffle du vent (mistral ou EspritSaint ?) dans les voiles des embarcations pour les régates au large de SaintTrop’; et nous avons entendu les fracas de la gloire de Dieu ruisselants sur le portail de la majestueuse Sagrada Familia... En une soirée, grâce à Thierry et Vincent, grâce à l’indicible complicité des sons et des couleurs, nous avons fait le tour de l’Europe, non pas celle des hommes d’affaires et des politiciens, mais l’Europe des hommes de cœur, épris de liberté et fiers de l’héritage spirituel et culturel qui nous est légué et dont nous sommes aujourd’hui plus que jamais responsable, pour nous sauver de la médiocrité cynique et des replis identitaires sur des mythes nationalistes sans grandeur et sans âme.

Merci à Vincent Roux, merci à Thierry Escaich de nous avoir montré, chacun selon son génie, comment on peut croire aujourd’hui à l’Europe berceau et patrie de la vraie liberté.

Michèle CORNUT-CARAL et Frère Daniel BOURGEOIS

18 octobre 2014

Thierry Escaich retrouve Aix-en Provence pour un récital hors du commun.

 

Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait ; Rostropovitch et son violoncelle étaient là pour accompagner les manifestants. Ce jour-là s’ouvrait une nouvelle ère de liberté et de construction européenne qui, même si elle rencontre aujourd’hui des épreuves et des tentations de repli sur soi, fondait une vision élargie et audacieuse du monde libre.

L’Union Européenne prenait une nouvelle dimension bientôt concrétisée par l’intégration des pays de l’Europe centrale et par la constitution de l’Europe des 27. En voyant les images de cet événement à la télévision, le peintre aixois Vincent Roux, qui allait mourir moins de deux ans plus tard, le 8 juin 1991, fut fasciné par la scène de liesse au pied de la porte de Brandebourg et dans une extraordinaire inspiration, peignit l’événement comme un cri de joie et de liberté.

Ce tableau était le premier d’une série de douze que l’artiste peignit pour magnifier et célébrer douze sites européens de grande beauté et de haute culture : non seulement des capitales européennes, mais aussi des villes-symboles comme Tolède ou Delft, et des paysages immortels (évidemment la montagne Sainte-Victoire…) Cette série d’oeuvres, présentée au public en 1990 au Musée Vasarely et intitulée « Les treize Europe de Vincent Roux », est désormais partiellement exposée de façon permanente dans les salles publiques de la mairie de Peynier.
 

La Présidente de l’Association pour la Promotion de l’oeuvre de Vincent Roux, Michèle Cornut-Caral, cherchait, depuis quelque temps, à faire mieux connaître cette collection exceptionnelle par un événement qui en soulignerait l’importance ainsi que la portée symbolique. Au cours de discussions avec le frère Daniel Bourgeois, le curé de l’église Saint-Jean de Malte, dans laquelle se trouve maintenant un orgue réalisé par la manufacture Alfred Kern et fils, un projet est né. Ils ont proposé à Thierry Escaich (organiste titulaire de Saint-Étienne du Mont, à Paris) de venir improviser à l’orgue de l’église avec pour seule « partition » les tableaux de Vincent Roux choisis par lui dans la série des « Treize Europe ». Ce qu’il a accepté de faire. « Nous avions déjà réalisé une semblable opération la nuit du centenaire de la mort de Paul Cézanne avec le grand organiste Michel Chapuis. Nous avons pensé que Thierry Escaich aurait de la joie à "prendre la relève" et à nous régaler d’une série d’improvisations, un art dans lequel sa compétence est universellement reconnue. Nous lui sommes reconnaissants d’avoir bien voulu accepter de venir à Aix pour cet événement unique », Michèle Cornut-Caral.
 

Rappelons que Thierry Escaich était le soliste invité de l’Orchestre Français des Jeunes au mois d’août dernier au Grand Théâtre de Provence et qu’il est professeur d’écriture et d’improvisation au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. On lui reconnaît un grand talent, tout particulièrement en matière d’improvisation. Sa présence à Saint-Jean de Malte est un événement musical hors du commun.

M. EGEA

Extrait Destimed.fr, octobre 2014

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Photo : M. EGEA. ©

T. ESCAICH devant une Sainte-Victoire de Vincent Roux avant son concert à l'Eglise Saint-Jean-de-Malte, Aix-en-Provence (2014)

La Provence

17 octobre 2014 - Manuel Gros

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