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M. EGEA

Thierry Escaich retrouve Aix-en Provence pour un récital hors du commun.

 

Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait ; Rostropovitch et son violoncelle étaient là pour accompagner les manifestants. Ce jour-là s’ouvrait une nouvelle ère de liberté et de construction européenne qui, même si elle rencontre aujourd’hui des épreuves et des tentations de repli sur soi, fondait une vision élargie et audacieuse du monde libre.

L’Union Européenne prenait une nouvelle dimension bientôt concrétisée par l’intégration des pays de l’Europe centrale et par la constitution de l’Europe des 27. En voyant les images de cet événement à la télévision, le peintre aixois Vincent Roux, qui allait mourir moins de deux ans plus tard, le 8 juin 1991, fut fasciné par la scène de liesse au pied de la porte de Brandebourg et dans une extraordinaire inspiration, peignit l’événement comme un cri de joie et de liberté.

 

Ce tableau était le premier d’une série de douze que l’artiste peignit pour magnifier et célébrer douze sites européens de grande beauté et de haute culture : non seulement des capitales européennes, mais aussi des villes-symboles comme Tolède ou Delft, et des paysages immortels (évidemment la montagne Sainte-Victoire…) Cette série d’oeuvres, présentée au public en 1990 au Musée Vasarely et intitulée « Les treize Europe de Vincent Roux », est désormais partiellement exposée de façon permanente dans les salles publiques de la mairie de Peynier.
 

La Présidente de l’Association pour la Promotion de l’oeuvre de Vincent Roux, Michèle Cornut-Caral, cherchait, depuis quelque temps, à faire mieux connaître cette collection exceptionnelle par un événement qui en soulignerait l’importance ainsi que la portée symbolique. Au cours de discussions avec le frère Daniel Bourgeois, le curé de l’église Saint-Jean de Malte, dans laquelle se trouve maintenant un orgue réalisé par la manufacture Alfred Kern et fils, un projet est né. Ils ont proposé à Thierry Escaich (organiste titulaire de Saint-Étienne du Mont, à Paris) de venir improviser à l’orgue de l’église avec pour seule « partition » les tableaux de Vincent Roux choisis par lui dans la série des « Treize Europe ». Ce qu’il a accepté de faire. « Nous avions déjà réalisé une semblable opération la nuit du centenaire de la mort de Paul Cézanne avec le grand organiste Michel Chapuis. Nous avons pensé que Thierry Escaich aurait de la joie à "prendre la relève" et à nous régaler d’une série d’improvisations, un art dans lequel sa compétence est universellement reconnue. Nous lui sommes reconnaissants d’avoir bien voulu accepter de venir à Aix pour cet événement unique », Michèle Cornut-Caral.
 

Rappelons que Thierry Escaich était le soliste invité de l’Orchestre Français des Jeunes au mois d’août dernier au Grand Théâtre de Provence et qu’il est professeur d’écriture et d’improvisation au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. On lui reconnaît un grand talent, tout particulièrement en matière d’improvisation. Sa présence à Saint-Jean de Malte est un événement musical hors du commun.

M. EGEA

Extrait Destimed.fr, octobre 2014

Répondant à l’invitation de l’association pour la promotion de l’œuvre de Vincent Roux et des Amis de Saint-Jean-de-Malte, Thierry Escaich est venu improviser sur des tableaux de Vincent Roux pour commémorer le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Pour la circonstance, le superbe édifice religieux avait presque fait le plein. Il faut dire que la réputation de Thierry Escaich n’est plus à faire, lui qui enseigne au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et se produit un peu partout dans le monde.


Une fois les réglages effectués pour coordonner les images avec la musique, et après une Passacaille de Bach pour honorer Rostropovitch, le récital pouvait débuter. Plus d’une heure de concert avec pour seules partitions les photocopies des tableaux de Vincent Roux choisis par le musicien. Tableaux qui, soit dit en passant, étaient exposés pour un certain nombre d’entre eux dans l’église, le soir du concert.


La Porte de Brandebourg, pour débuter avec la puissance des notes pour faire vivre une foule bruyante, heureuse, et des répétitions pour illustrer la chute du mur. Joyeuse et animée, la Bravade à Saint-Tropez laissera la place à la sourdine pour Saint-Tropez sous la neige et à la sérénité pour Venise, elle aussi sous la neige. Notre-Dame de Paris explose ensuite en majesté avant que la chaleur de Tolède envahisse la nef. La Sagrada Familia sera l’un des temps forts de ce concert. Thierry Escaich fait vivre une procession avant de magnifier l’élévation des flèches de l’édifice dans le ciel orangé de Barcelone. Suivront les sonorités cristallines et fluides de l’eau qui coule sous les ponts de Londres, de Paris, de Delft. Puis la grande place de Bruxelles arrivera, toute en effervescence et en bruissements joyeux. A la paisible Irlande succèdera une certaine austérité toute médiévale pour le Château de Kronborg. Place, ensuite à la montagne Sainte Victoire qui s’éveille au petit matin avec légèreté... Avant que le soleil de midi ne fasse chauffer ses pierres avec puissance. C’est Sainte Victoire en majesté.


On entend même les cigales sous les pins en noir et blanc. Puis arrive le feu, la détresse, la destruction et un final plus serein face à une montagne dont la minéralité s’impose dans les tons de bleu. Pour terminer, la légèreté des voiliers sur l’eau sera suivie par un final puissant mais apaisé.
C’est ainsi que l’auteur de ces lignes a reçu, et vécu, ces improvisions de Thierry Escaich sous les voûtes séculaires de cette église Saint-Jean-de-Malte dont la beauté dépouillée incite à la réflexion, voire à la méditation.


M. EGEA

Extrait Destimed.fr, octobre 2014

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